Artistes femmes et spiritisme au Centre Pompidou

Pour ce dernier sujet de la saison, je suis retournée au Centre Pompidou où j’avais tourné Elles font l’art en mars dernier, juste avant l’inauguration de l’exposition « Elles font l’abstraction ». Avec cette émission sur l’invisibilisation des femmes dans l’art, j’avais eu l’opportunité de parler de certaines artistes de l’expo comme Natalia Gontcharova, Sonia Delauney-Terk, Sophie Taeuber Arp ou encore Loïe Fuller. Le replay est d’ailleurs toujours disponible sur france.tv. Evidemment j’avais été aussi un peu frustrée de ne pas pouvoir tourner dans l’exposition qui n’était pas encore montée à cette période. 

J’ai donc profité de cette deuxième saison des Musées chez vous pour découvrir l’expo et surtout choisir un angle bien précis pour en parler. Elle est très riche puisqu’on y découvre les apports spécifiques à l’histoire de l’abstraction de près de cent dix artistes femmes. Mais personnellement j’ai été tout de suite séduite par la première salle car elle aborde un sujet qui me passionne : le spiritisme. On y retrouve entre autres deux grandes figures de cette période, Georgiana Houghton et Hilma af Klint. 

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Depuis plusieurs siècles, certains artistes éprouvent le besoin de communiquer avec les esprits pour trouver l’inspiration et réaliser leurs créations. On les appelle les artistes spirites. 

Le spiritisme a joué un rôle déterminant dans l’histoire de l’art. C’est à la fin du XIXe siècle que quelques artistes, femmes et spirites, ont initié sans le savoir l’un des plus grands mouvements artistiques du XXe siècle. 

Fallait-il être en transe pour se libérer ? Lorsqu’elles vont chercher leur inspiration dans l’au-delà, certaines femmes artistes du XIXe sont en quête de liberté. Une liberté qu’elles utilisent pour sortir du réel et représenter le monde à leur manière. C’est ainsi que va naître l’art abstrait, sous le pinceau de ces artistes que l’on découvre dans l’exposition « Elles font l’abstraction ».

Ces œuvres, exposées au Centre Pompidou, ont été réalisées près de soixante ans avant celles de Kandinsky ou de Mondrian. Ces artistes, des femmes, sont les pionnières méconnues de l’abstraction. Et c’est à travers le spiritisme, très à la mode à la fin du XIXe siècle, qu’elles trouvent le moyen de laisser s’exprimer leur imaginaire.

Une artiste va bouleverser sa pratique après de longues séances de spiritisme. Nous sommes en 1906 et la suédoise Hilma af Klint se dit investie d’une mission par un ange, qui lui demande de peindre les murs d’un temple imaginaire. Celle qui avait l’habitude de peindre des portraits et des paysages académiques, se met soudain à produire des œuvres abstraites de manière frénétique.

Mais parmi les femmes spirites importantes, à cette époque, la plus influente n’est pas une artiste mais une philosophe russe. Héléna Blavatsky est l’une des fondatrices de la théosophie, un mouvement spirituel qui aura une influence majeure pour de nombreux artistes du XXe siècle, de Piet Mondrian à Vassily Kandinsky. 

De nombreuses femmes ont joué un rôle prédominant dans le milieu du spiritisme et de l’art spirite. Leur rôle est d’autant plus intéressant qu’il semble avoir permis, pour beaucoup d’entre elles, une forme d’émancipation. Pourtant, comme de nombreuses femmes artistes, elles n’échapperont pas au processus d’invisibilisation, et il faudra attendre le XXe siècle pour que leur travail soit enfin exposé au public. 

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Infos pratiques :
Centre Pompidou
Du 5 mai au 23 août 2021
Plein tarif : 14 € / Tarif réduit : 11 €
Place Georges-Pompidou
75004 Paris
www.centrepompidou.fr