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Jacqueline Marval, pionnière de l’art moderne

13/03/2022

Qui est Jacqueline Marval ?

Jacqueline Marval est née à Quaix, près de Grenoble, en 1866. À l’époque, elle s’appelle Marie-Joséphine Vallet et se destine à être institutrice comme ses parents. Elle se marie jeune et la perte de son enfant à l’âge de six mois vient bouleverser son existence. 

En 1895, elle s’installe dans le quartier de Montparnasse où se côtoie toute la scène artistique parisienne. Elle mène alors une vie de couturière avant de se consacrer pleinement à la peinture.

Elle retrouve le peintre Jules Flandrin qui est l’élève de l’artiste Gustave Moreau aux Beaux-arts de Paris. Rapidement, il la présente à son entourage : Marquet, Matisse, Manguin et Camoin.

Elle prend alors le pseudonyme de Jacqueline Marval pour marquer une vraie rupture avec sa vie d’avant. Marval est la contraction du « Mar » de Marie et du « Val » de Vallet en référence à son patronyme.

En 1901, elle expose dix tableaux au Salon des indépendants à Paris, tous achetés par le grand marchand d’art de l’époque, Ambroise Vollard. Elle se retrouve alors propulsée sur le devant de la scène notamment grâce à son œuvre « L’Odalisque au guépard », un clin d’œil à « L’Odalisque à l’esclave » de Ingres.

« L’Odalisque au guépard »

Autodidacte, Jacqueline Marval a un style très libre et coloré. La critique est unanime. Dans ses chroniques, Apollinaire la décrit comme l’une des plus grandes artistes de son temps. 

Proche des Fauves, ses thèmes de prédilection sont l’univers féminin, l’enfance et les fleurs. 

Passionnée de mythologie et de ballets russes, elle peint également de nombreux nus féminins qui ont pour particularité d’être ni flatteurs, ni aguicheurs. Elle ne cherche pas à sublimer les corps. Chez elle, contrairement à la plupart de ses confrères masculins, la femme n’est pas un objet de désirs.

On lui reconnaît un regard féminin, pourtant Jacqueline Marval refuse de porter l’étiquette de femme-artiste. Elle dit : « je suis artiste voilà tout ». Elle refuse également de participer aux salons exclusivement féminins. 

Elle peint d’ailleurs en compagnie de prestigieux voisins en s’installant 19, quai Saint-Michel, un lieu qu’elle surnomme sa « belle campagne » et qu’elle partage notamment avec ses grands amis, Matisse et Marquet.

Jacqueline Marval est une véritable source d’inspiration pour les artistes qui l’entourent. Sa liberté et sa volonté de s’affranchir des codes académiques influencent les artistes qui la côtoient comme Picasso qui se serait inspiré des « Odalisques » de Marval pour ses « Demoiselles d’Avignon ». 

« Odalisques »

Personnage de légende, Jacqueline Marval mène une vie intense et tumultueuse. Elle est en constante représentation comme à l’enterrement d’Eugène Druet où elle se présente habillée uniquement de voiles.

« MES ODALISQUES, ON LES TROUVE BIEN ? ET BIEN, JE MARCHE DESSUS, ELLES GISENT A TERRE, DANS MON ATELIER ! C’EST MA MEILLEURE TOILE, MAIS JE MARCHE DESSUS »

C’est aussi une femme engagée. Elle dénonce le rôle qu’on attribue aux femmes. Quand on lui propose de réaliser les peintures du Foyer de la danse du théâtre des Champs-Élysées, elle n’hésite pas à s’en prendre aux mécènes du théâtre en représentant un mythe antique qui lui est cher.

Une audace et un talent qui dépassent les frontières françaises puisque très rapidement, elle expose dans le monde entier. Elle fait l’objet de plusieurs expositions et participe notamment au premier Armory Show de New York en 1913 aux côtés des célèbres représentants de l’art moderne européen. 

Malgré une carrière internationale avec plus de 1 200 œuvres, Jacqueline Marval décède seule et malade dans la plus grande pauvreté à l’âge de 65 ans. Sans descendance, son œuvre est dispersée à l’aube de la Seconde Guerre mondiale avant de tomber définitivement dans l’oubli.

Depuis 2020, le comité Jacqueline Marval s’attache à remettre en lumière la carrière et le talent de cette artiste au destin hors du commun en présentant son travail dans de nombreuses expositions en France et à l’étranger. En 2021 ses œuvres ont été présentées lors de l’exposition « Muses de Montparnasse » organisée au musée Pouchkine à Moscou. Deux de ces peintures ont également rejoint l’exposition « Pionnières » qui se tient actuellement au musée du Luxembourg à Paris. Une grande rétrospective lui sera également dédiée au Seoul Arts Center en 2023.

Pour plus d’informations sur l’artiste, n’hésitez pas à vous renseigner sur le site du Comité Jacqueline Marval.

Encore un grand merci à Camille Roux dit Buisson pour son accueil et sa générosité ! J’ai développé depuis notre première rencontre une passion pour l’artiste qui n’est pas prête de s’arrêter…

Ses oeuvres

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