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Visite privée de l’exposition « Ex Africa » au musée du quai Branly

04/03/2021

Dimanche 21 février, j’ai eu le plaisir de préparer et animer le vernissage de l’exposition Ex Africa au musée du quai Branly – Jacques Chirac sur la chaîne Culturebox (canal 19 de la TNT) et en direct sur la plateforme france.tv ! Un bel événement qui s’inscrit dans la continuité de l’opération Les Musées chez vous mais avec cette fois l’opportunité de proposer un format plus long et adapté à un prime. Ravie et honorée de pouvoir travailler sur ce concept de vernissage un peu particulier en période de pandémie, je vous propose de revenir ici sur la genèse du projet.

L’exposition Ex Africa, présences africaines dans l’art d’aujourd’hui aurait dû ouvrir ses portes début février mais avec la pandémie, elle est malheureusement contrainte à rester portes closes en attendant de nouvelles directives. Le musée du quai Branly – Jacques Chirac a ainsi eu l’idée de proposer un vernissage en direct afin que le public puisse commencer à découvrir l’exposition, au moins virtuellement, en attendant de meilleurs jours pour la culture. Avec le lancement en parallèle de la chaîne Culturebox, ce projet de vernissage s’est rapidement transformé en émission pour être proposé à un plus large public.

Cette exposition est importante car elle montre à quel point on connait peu, voire même pas du tout, l’histoire de l’art africain du point de vue africain. L’art africain est présent sur la scène internationale et cette exposition nous permet de mieux comprendre comment il s’est émancipé du regard occidental que l’on connaît notamment avec les masques de Picasso ou les peintures de Gauguin. Le titre de l’exposition fait référence à un écrit de l’historien romain Pline l’Ancien : « Ex Africa semper aliquid novi » qui signifie littéralement « qu’il y aurait toujours quelque chose de nouveau en provenance de l’Afrique ».

C’est aussi la première fois qu’une exposition 100% art contemporain est organisée par le musée. Au total, 150 œuvres d’artistes contemporains de toutes générations et origines sont exposées sur 2 000 m2 pour tenter de décrypter les relations qui unissent les arts actuels et les arts africains anciens depuis la fin du XXe siècle. Présentée en trois grandes sections, Ex Africa est mis en scène par le passionnant historien Philippe Dagen, critique d’art et commissaire de l’exposition, qui a accepté d’être notre guide tout au long de l’émission.

Visite guidée

L’exposition commence par un préambule intéressant qui confronte les œuvres de A.R. Penck, Jean-Michel Basquiat, Antoni Clavé et James Brown à celles de Chéri Samba, afin de remettre clairement en cause la notion même de « primitivisme » et des ses sous-entendus. Basquiat étant l’un des premiers artistes à avoir un autre regard sur les arts africains.

A.R. Penck, Tryptichon für Basquiat, 1984

Jean-Michel Basquiat, Grillo, 1984

Chéri Samba, Hommage aux anciens créateurs, 2000

Nous débutons la visite avec la section « Pop » qui aborde l’appropriation, c’est-à-dire comment certains artistes contemporains se sont appropriés des formes issues de l’art africain pour les détourner et les transformer, ce qui n’est pas sans nous rappeler un célèbre mouvement : le Pop Art. Parmi les objets détournés, il y a le masque qui a une symbolique forte dans la culture africaine. Il est également très présent dans cette première partie de l’exposition où on retrouve entre autres les installations de Dinos et Jake Chapman et de Jean-Michel Alberola, les statues africaines chromées de Bertrand Lavier ou encore les masques de Théo Mercier et de Frank Scurti.

Dinos et Jake Chapman, The Chapman Family Collection, 2002

Franck Scurti, White Memory (Neger plastik), 2007

Théo Mercier, Sans titre, 2020

Bertrand Lavier

Jean-Michel Alberola

Théo Mercier

La deuxième section de l’exposition intitulée « Métamorphoses » commence avec ORLAN, célèbre pour ses hybridations et ses opérations chirurgicales. Avec ORLAN le masque africain reprend vie, il n’est plus utilisé uniquement pour ses formes ou sa plastique. Nous retrouvons aussi dans cette section d’autres artistes qui ont travaillé entre autres sur les fétiches comme Emmo De Medeiros ou le corps avec les statues de Gloria Friedmann mais aussi le totem avec les « collants totémiques » d’Annette Messager.

ORLAN, Self-hybridations africaines, 2000-2003

Emo de Medeiros, Electrofétiches, 2010-2020

ORLAN (à gauche) et Annette Messager (à droite)

Gloria Friedmann, Sans titres, 2019

Annette Messager, 12 collants totémiques, 2015

Théo Mercier

La rotonde des masques

Enfin en se réappropriant les arts africains anciens, de nombreux artistes leur donnent un sens nouveau, plus actuel, plus politique en lien avec les questions de société, c’est l’objet de la dernière partie de l’exposition « Activations ». Cette section est d’autant plus intéressante que de nombreuses œuvres ont été construites in situ au musée comme celle de Pascale Marthine Tayou qui évoque la surexploitation des ressources ou l’installation « No return » de l’artiste Romuald Hazoumè qui dénonce le drame des réfugiés qui meurent en mer avec ses 5 000 tongs installées en spirale. La force du pouvoir est également abordée avec Myriam Mihindou ou la restitution du patrimoine pillé à ses pays d’origine avec Kader Attia.

Pascale Marthine Tayou, Eséka, 2020

Romuald Hazoumè, No return, 2019

Romuald Hazoumè, No return, 2019

Myriam Mihindou, « Transmissions » – Série de 9 cannes de pouvoir, 2018

Myriam Mihindou, Trophée, 2020

L’exposition se clôt sur une œuvre audacieuse que j’aime beaucoup « La vraie carte du monde » de Chéri Samba, l’un des artistes contemporains africains les plus exposés et vendus au monde qui a pour particularité de se représenter au centre de toutes ses toiles. Cette carte du monde renversée place l’Afrique et l’Océanie au centre, un joli symbole pour terminer cette exposition.

Chéri Samba, La vraie carte du monde, 2011


Culturebox, l’expo 

Le vernissage ne pouvant se faire en présence du public, nous avons invité les artistes à venir parler de leurs œuvres mais en raison de la pandémie, seuls quelque-uns ont pu être présents : Frank Scurti, ORLAN, Annette Messager, Emmo De Medeiros et  Myriam Mihindou. Cette présence des artistes avec Philippe Dagen nous a permis de vivre un beau moment de partage et de dialogue un peu hors du temps.

Interview d’ORLAN pour Culturebox, l’expo

La déambulation a été filmée dans les conditions du direct, un exercice pas toujours évident car il faut à la fois mémoriser son texte et les déplacements. L’intégralité du vernissage est à retrouver en replay sur la page du programme : Culturebox, l’expo.

Avec le lancement de cette chaîne culturelle éphémère, j’espère que d’autres formats de ce type pourront voir le jour. Si vous avez des retours, n’hésitez pas à les laisser en commentaire !

Infos pratiques :
Musée du quai Branly – Jacques Chirac
Jusqu’au 27 mai 2021
Plein tarif : 12 € / Tarif réduit : 9 €
37 Quai Branly
75007 Paris
www.quaibranly.fr

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